L'intolérance et la cruauté
Joli programme plein de gaieté parmi les lectures de ces dernières semaines.
Le Cirque chaviré de Milena Magnani, édition Liana Levi
Branko, un "saltimbanque" hongrois débarque un jour dans un campement tzigane. Les enfants s'intéressent à cet homme et à ses histoires. Branko leur conte sa vie d'avant au "kel circus", le cirque de son grand-père, qu'il transporte dans ses cartons. D'ailleurs parce qu'il se sent menacé, il confie ses cartons aux enfants qui devront les mettre à l'abri. Il leur raconte aussi ses rêves et l'histoire de sa famille de circassiens. Cette famille dénoncée, qui a cherché à fuir le fascisme, la déportation des tziganes. Finalement tous sont morts à l'exception du père de Branko.
Une histoire pleine de tendresse entre ses laissers pour compte, même au milieu d'un camp de misère parmi la drogue, la violence, il y a encore une place pour la tendresse, la magie et l'espoir.
L'origine de la violence de Fabrice Humbert, édition le passage.
Le narrateur est professeur d'histoire dans un lycée franco-allemand et se rend à Weimar dans le cadre d'un voyage scolaire. A 8 km de là, il visite Buchenwald. Dans le musée de ce camp, son attention est attirée par une photo sur laquelle figure un déporté dont le visage, même émacié, ressemble étonnament à celui de son père. Alors il se lance dans la recherche de la biographie de cet inconnu. Au fil de ses recherches, il parvient à retracer la vie de ce fantôme aperçu sur une photo jaunie. Certaines pages relatent la vie dans ce camp, les sentiments et conditions de ces déportés. Ces lignes sont précises, neutres et "prennent au tripes". Le narrateur évoque aussi Primo Lévi, Jorge Semprun qui sont passés par ce camp. On y évoque aussi Ilse Koch, la femme du commandant de ce camp, une femme sanguinaire et d'un telle cruauté, j'ai été abasourdie qu'une femme puisse avoir été aussi barbare et inhumaine. Un roman poignant, historique, comment la vision d'un visage peut changer le cours d'une vie, comment une femme, un homme, des hommes, un peuple peuvent développer un tel sentiment de haine, de violence, de mépris à l'égard de leurs semblables ?